Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
217
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

moins il s’empressa d’exécuter l’ordre, et ouvrant la porte, il dirigea Moricaud vers les cuisines, jugeant bien que c’était la meilleure manière de traiter un chien recommandé.

Au bout de quelques minutes, Louis, enveloppé dans une robe de chambre de M. de Méligny, près d’un bon feu, reprit tout à fait connaissance et put répondre aux questions des deux dames.

« Ton pauvre Moricaud ! il est donc venu avec toi ? demanda Cora au petit berger.

— Oui, mademoiselle, je ne l’avais pas emmené ; mais il m’a rattrapé après un jour de route.

— Et pourquoi es-tu venu ici, mon enfant ? dit la marquise.

— C’était pour vous, madame, pour vous trouver, répondit Louis ; voilà cinq jours que je vous cherche, et je n’espérais plus vous voir… j’allais essayer de retourner… Ah !…

— Qu’as-tu, Louis, mon enfant ? »

La marquise prit les mains du petit pâtre dans ses mains : elles étaient moites et tremblantes, son regard semblait s’éteindre.

« Où as-tu mal ? dit-elle avec anxiété.

— Là, répondit l’enfant en montrant son estomac.

— Il a faim, peut-être ! je n’y ai pas songé d’abord. Tu n’as peut-être pas mangé aujourd’hui ?

— Non, madame, ni hier depuis huit heures du matin. »