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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/224

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

La marquise se leva vivement et alla elle-même chercher à l’office un bol de bouillon froid qu’elle fit boire à l’enfant d’abord ; puis voyant qu’il paraissait déjà tout réconforté, elle lui permit de tremper un peu de pain dans un petit verre de vin de Malaga.

« Pour ce soir, tu n’en auras pas davantage, dit-elle à Louis dont elle avait surveillé le petit repas avec un soin maternel ; il faut agir très-prudemment avec un estomac vide depuis deux jours ; tu vas te coucher ; j’ai fait placer près de toi une autre tasse de bouillon : si tu as faim cette nuit, tu la boiras ; demain tu déjeuneras bien et ensuite tu nous conteras ton voyage. Le plus pressé, en ce moment, c’est de te reposer. »

Louis, tout étourdi de ce bien-être qui succédait à de si longues privations, ne savait que répéter :

« Oh ! madame, que vous êtes bonne ! et que j’ai bien fait de venir ! »

La marquise et Cora conduisirent elles-mêmes l’enfant dans une jolie pièce toute tendue de bleu, qui lui parut comme une antichambre du ciel.

Sa joie s’accrut encore en apercevant, couché sur le pied d’un bon lit, Moricaud, son ami fidèle, lavé, peigné et ronflant comme un honnête chien qui sait son maître en sûreté et qui a fait un excellent souper.