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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/226

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

révérée qui comptait autant d’obligés que de serviteurs, c’était assez pour stimuler le zèle de tous.

Après le déjeuner, Cora vint chercher Louis.

Amené dans le salon, il expliqua le motif de son voyage.

L’enfant mit dans son récit une naïveté si touchante, qu’il fit plusieurs fois venir des larmes dans les yeux de la mère et de la fille.

« Enfin, dit-il, ma pauvre maman n’a plus de maison maintenant, et bientôt plus de pain, pas même du noir. Catherine et elle vont mourir de faim ; moi, j’ai pensé à vous, madame, qui pouvez tout ; j’avais dix francs que vous m’aviez donnés ; j’ai marché six jours pour vous trouver, je suis resté cinq jours à vous chercher, le bon Dieu a voulu que je vous rencontre, je n’ai plus qu’à le remercier.

— Certainement le bon Dieu t’a conduit ici pour notre joie à tous les deux, dit la marquise. Ma pauvre Louise ! aurais-je jamais pensé qu’elle pût être si cruellement frappée ! Mais je suis là, heureusement, cher enfant. Tu as bien fait de venir, et ta mère va te bénir de ce que tu as risqué pour elle.

— Je ne lui rendrai jamais ce qu’elle m’a donné, dit Louis avec attendrissement ; si vous saviez comme elle est bonne ! et il n’y a, je crois, que vous au monde d’aussi bonne qu’elle ! »