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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/255

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Louise demeura seule maîtresse de ce grand parc au bout duquel s’élevait sa petite ferme ; elle aimait à venir promener son petit-fils dans les allées favorites de sa bienfaitrice ; elle y retrouvait son souvenir ; elle apprenait à l’enfant à distribuer son pain aux oiseaux du voisinage que l’hiver privait de nourriture, et lui enseignait ainsi, en l’amusant, la compassion et la bienveillance. L’hiver passa doucement pour Louise ; tout prospérait autour d’elle.

Le dimanche, la table de la ferme se trouvait au grand complet. Par son travail et son économie, l’excellente femme s’était acquis assez d’aisance pour se donner le plaisir d’offrir souvent à ceux qu’elle aimait des petits cadeaux et des attentions de toute sorte. L’enfant de Jeanne, son premier petit-fils, portait de belles blouses de mérinos que sa tante Catherine taillait et ornait avec goût ; il ne manquait jamais de gâteaux ni de joujoux. Le seul de la famille qui ne voulût rien accepter de sa mère, c’était Louis ; au contraire, il dépensait en grande partie pour les autres tout ce qu’il gagnait.

Quand la fermière voulait refuser quelque présent trop beau à ses yeux :

« Quoi ! ma mère, lui disait-il, n’avez-vous pas assez fait pour nous ; n’est-il pas juste que nous travaillions à notre tour pour votre bien-être ?