Laissez-moi faire ; il me reste bien assez pour moi, et ne me privez pas de ma plus douce récompense. »
Louise souriait, embrassait son fils et acceptait.
S’il était resté des pauvres à Morancé, ils auraient pu s’apercevoir aussi du changement de fortune de Louise ; mais la marquise, sur ce point, n’avait rien laissé à faire.
Néanmoins, la veuve de Pierre Rigault ne renonçait pas à la charité : les bons cœurs savent toujours se rendre utiles ; si quelqu’un de ses voisins éprouvait une perte, elle trouvait le moyen de lui venir en aide ; si quelque vieille paysanne était malade, Louise prenait dans son armoire à linge des draps fins pour son lit, dans son cellier du vieux vin, dans sa basse-cour un poulet bien gras pour la réconforter, et elle accompagnait toujours ses petits cadeaux de paroles affables qui les rendaient encore plus agréables.
« On m’a bien aidée, disait-elle à ses filles, qui la voyaient constamment occupée pour le service d’autrui, ne dois-je pas aider à mon tour ceux qui en ont besoin ? C’est justice, et le bon Dieu ne serait-il pas bien mécontent de moi si je n’essayais de faire pour les autres ce que Mme Béatrice a fait pour moi ? »