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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/262

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— Tais-toi, s’écria Béatrice en pâlissant, tu n’as pas pitié de moi.

— Oh ! ma mère, répondit René se jetant dans les bras de Mme de Méligny, n’êtes-vous plus ce cœur héroïque que nous avons connu ? M’en voulez-vous de faire mon devoir ; n’avez-vous pas toujours fait le vôtre ? Ne tremblez pas pour moi, je n’ai jamais peur ; et n’est-ce pas d’ailleurs une sauvegarde que les prières d’une sainte comme vous ? »

La marquise essaya de sourire.

« Oui, tu as raison ; va te battre, mon pauvre enfant, ce n’est pas moi qui t’empêcherai de te conduire en homme ; j’aime à te voir cette noble ardeur. Mais que veux-tu ? je n’en suis pas moins femme, et c’est mon droit de trembler pour toi. Ô ciel ! si une douleur me venait par toi, comment la pourrais-je supporter ?

— N’en avez-vous pas assez consolé pour que Dieu vous épargne ?

— Oh ! cher enfant ! tu t’en vas aujourd’hui, et Dieu seul sait quand tu reviendras ; tu peux emporter avec toi cette assurance, que tout ce qu’une femme rêve au berceau de son fils de satisfaction dans son amour et dans son orgueil, je l’ai reçu de toi, mon René, sans que rien ait jamais détruit mes joies si profondes et renversé une seule de mes espérances ; tu es né, tu as grandi, tu es devenu tout ce que je souhaitais ; je ne deman-