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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/275

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

ces lignes ; il essaye en vain de me rassurer, les mots qu’il a tracés le trahissent malgré lui !

— Ma chère Béatrice, dit le marquis en attirant doucement sa femme près de lui et en la forçant à s’asseoir dans un fauteuil, c’est douter du ciel et l’offenser que de vous désespérer avant d’avoir vu notre fils… C’est affliger René aussi… puisque le repos de sa mère est le plus cher de ses vœux. Je vous en prie, montrez-vous telle que je vous ai toujours connue, l’ange de douceur et de courage qui nous soutenait tous ; je ne vous prie pas pour moi d’être forte, je suis homme, je n’ai pas le droit de faiblir, mais enfin, je suis père aussi, et à présent, si nous ne nous aidons pas un peu tous les deux, nous que frappe le même coup, que deviendrons-nous ? et quel exemple montrerons-nous à cet enfant qui saurait mourir, quand nous ne savons pas souffrir ? »

Béatrice tendit sa main à son mari.

« Eh bien ! mon ami, dit-elle avec un faible sourire, j’essayerai pour vous, pour notre René.

— Merci, Béatrice, vous ne savez pas le bien que vous me faites ; tenez, allons voir Louise, elle doit avoir aussi des nouvelles de son fils. »

Le marquis passa le bras de sa femme sous le sien, et tous deux se dirigèrent vers la petite ferme.

En entrant dans la vaste cuisine où se trouvait