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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/277

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— Non, madame… non, au contraire, si je pleurais… madame… répondit Louise hésitant et cherchant ce qu’elle pourrait dire, c’est que je crains de perdre un parent… le vieux Thomas… un oncle à mon mari ; il est bien malade depuis quelques jours ; vous savez… ça fait toujours de la peine… »

Louise ne mentait jamais, et même ce pieux mensonge la fit rougir ; heureusement la marquise ne s’en aperçut pas.

« Ma pauvre Louise, il est vieux ce parent ?

— Oh ! oui, madame, soixante-dix-sept ans, et bien fatigué.

— On peut quitter ce monde à cet âge-là ; mais voir s’en aller ceux qui sont jeunes, c’est affreux.

— Monsieur René ne vous dit pas quel jour il arrivera, madame ? demanda Louise.

— J’espère que ce sera le plus tôt possible, mais il ne me fixe pas l’époque ; ah ! quelle joie de le voir ! »

Elle sourit à cette pensée, et, se levant plus calme :

« Adieu, Louise, dit-elle, je reviendrai avec lui vous apporter des nouvelles de Jacques. »

Elle reprit le chemin du château.

Par un hasard étrange, et comme si le ciel n’eût pas voulu laisser peser même l’ombre d’un