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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/280

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

l’humble veuve de Rigault ; elle rêva tout le jour au meilleur emploi à faire de cet argent ; elle vit son gendre, le mari de Jeanne, augmentant son commerce de grains ; sa chère Catherine bien mariée ; Louis, qui refusait toujours tout, ne pouvait cependant refuser à sa mère de faire bâtir des serres afin d’y cultiver pour son compte, en dehors de son service, des fleurs et des fruits qu’il enverrait à Tours ; la boutique de Germain allait être agrandie et embellie ; elle songeait au bien-être de tous, excepté au sien, et on l’eût fort embarrassée si on lui eût demandé ce qu’elle garderait pour elle.

Elle rentra à la ferme toute joyeuse d’y rapporter tant de richesses, et bénissant Dieu qui, depuis quelques années, avait sans cesse amélioré sa destinée.

Trois jours plus tard, la marquise recevait dans ses bras son cher René, et couvrait de baisers son front pâli.

Quelle douleur ce fut pour ses yeux de mère de voir, dans la blancheur de ce visage, dans ces traits creusés, les traces d’une violente souffrance ! Avec quelle tristesse elle contempla ce jeune homme si beau autrefois, si plein d’ardeur, de sève, d’espoir, affaibli, maigri, vieilli transformé enfin par quelques semaines de douleur.