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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/281

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Elle pressa longtemps la main brûlante de son fils entre ses mains et le regarda avec anxiété.

« Mon pauvre enfant, lui dit-elle, tu es bien fatigué. Veux-tu te coucher tout de suite ?

— Oh ! non, merci, chère mère, répondit René ; laissez-moi jouir de notre première soirée. »

Le jeune homme montra alors tant de gaieté, cacha si bien son mal, que la marquise sentit l’espoir naître en son cœur, et se tournait vers lui rassurée, lorsqu’elle le vit porter son mouchoir à ses lèvres et le retirer teint de sang.

« Tu souffres ! s’écria-t-elle en saisissant sa main, je veux que tu te reposes, mon enfant, viens avec moi.

— Mais non, ma mère, reprit René avec un sourire, je vous assure que je ne souffre pas : c’est ce sang qui vous fait peur, et ce n’est rien du tout, cela me soulage et ne doit pas vous inquiéter. Allons donc voir cette bonne Louise, j’ai une lettre de Jacques à lui donner, cela me fera plaisir de l’embrasser.

— Non, pas aujourd’hui, demain il sera bien temps ; j’aime mieux que tu te reposes.

— Je vous en prie, chère mère, allons-y, l’air me fera du bien.

— Soit ; allons-y, puisque tu le désires. »

René se sentait à peine la force de se traîner, mais il espérait, par cette promenade, calmer les