craintes de sa mère, si vivement éveillées ; le courage moral soutenait sa faiblesse physique ; il se leva, et, offrant son bras à Mme de Méligny :
« Appuyez-vous, ma chère mère, dit-il ; quelle joie de sentir cette main-là sur mon bras ! »
Il traversa les allées d’un pas assez ferme et arriva à la laiterie. Le jour tombant cachait en partie sa pâleur et la contraction de ses traits ; cependant Louise, en le voyant, eut bien de la peine à retenir ses larmes.
Il embrassa avec effusion sa bonne Louise, lui parla de Jacques, et ne consentit à ne retourner au château que quand la nuit fut tout à fait venue.
La marquise voulut soigner elle-même René ; des pleurs involontaires s’échappèrent de ses yeux en voyant sa blessure à peine fermée.
« Voilà un baume qui la guérira tout à fait, ma mère, dit René.
— Je voudrais bien ne pas le répandre, mon enfant, » répondit Béatrice en essuyant ses yeux humides.
Elle approcha un fauteuil du chevet de son fils, et, après être sortie quelques instants pour passer une robe de chambre, elle revint s’asseoir en face du jeune homme.
« Est-ce que vous allez rester là, ma mère ? demanda le jeune comte.