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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/287

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Les yeux de la mère ne s’étaient pas trompés, René était mort ! mort d’une de ces hémorragies internes qui viennent si souvent détruire l’espoir de la guérison, après les blessures graves ; il était mort sans secousse et sans douleur et, pauvre oiseau blessé, n’avait regagné le nid que pour y expirer.

Le marquis, dès qu’il eut entendu les paroles du docteur, courut à sa femme, la souleva dans ses bras, essaya de ranimer cette pauvre créature, demeurée sans mouvement et sans parole depuis que l’horrible pensée était entrée dans son esprit.

Le regard errant de la marquise se fixa enfin sur celui de son mari : elle entrevit son visage bouleversé et retomba près du lit ; puis, se jetant sur le corps de son enfant, elle l’inonda d’un torrent de pleurs.

Ces pleurs lui sauvèrent la vie.

Elle couvrit de ses baisers ce front, ces yeux, cette bouche tant aimés, ce cœur qui ne battait plus pour elle.

Le nom de son fils s’échappa comme un sanglot de ses lèvres. Le marquis ne tenta pas de l’arracher à cette douloureuse étreinte ; il la laissa goûter la joie amère de ces embrassements ; il y mêla les siens.

« Mon fils, mon unique fils, murmura-t-il, ô mon Dieu ! »