Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Le médecin de la ville, appelé en toute hâte, arriva alors ; il tâta le pouls, approcha une glace des lèvres du jeune homme. Après l’avoir longtemps examiné :

« Comment était-il, monsieur ? demanda-t-il au marquis.

— Il souffrait, sans qu’il nous parût en danger.

— C’est une hémorragie interne ; le sang l’a étouffé ! »

Un sanglot répondit seul au médecin.

Le marquis pleurait.

Béatrice, après s’être reculée machinalement, pour laisser le docteur s’approcher de son fils, était revenue auprès du lit et recommençait à embrasser avec une folie passionnée cet être inanimé qui ne pouvait pas lui répondre.

C’était vrai, il était mort ! Il lui fallait la preuve matérielle pour y croire.

Elle l’avait perdu dans tout l’épanouissement de sa jeunesse, dans tout l’éclat de ses belles années, subitement frappé par un ennemi inconnu ! Le perdre ! quand, la veille encore, il lui souriait, il lui parlait, s’asseyait à sa table ; quand tout lui promettait la vie ; quand le cœur de sa mère vivait de lui et pour lui !

Il était mort, cet enfant arraché un jour à la tombe par ses soins ; il ne battait plus ce cœur si noble, si tendre, si viril et si doux ! Jamais elle ne