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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/295

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

« Cora ! Cora ! hâte-toi ! »

Un jour vint où elle ne put pas se lever ; son mari se tenait à côté de son lit ; elle lui tendit la main.

« Mon ami, lui dit-elle, mon cher Léopold, Dieu nous a frappés cruellement ; ayez du courage pour les épreuves de ce monde, et quand je ne serai plus, que ce soit une consolation pour vous de m’avoir rendue plus de trente ans heureuse.

— Béatrice, ma femme bien-aimée, Dieu ne vous prendra pas à ma tendresse, à celle de votre fille.

— Ma fille ! ah oui ! j’aurais voulu vivre encore pour elle, pour elle et pour vous, Léopold ; vous seuls m’attachiez à ce monde ; à vous deux, vous étiez assez forts pour m’y retenir ; mais lui, lui qui m’attend, qui m’appelle, Dieu ne veut pas que je pleure deux fois sa mort. Je le reverrai peut-être le jour où je l’ai perdu. Ne pleurez pas, mon ami, ne me faites pas gémir de vous quitter si tôt… Nous serons heureux dans une plus belle patrie… croyez-le, Léopold… Il faut bien se séparer un jour ; que ce soit maintenant ou plus tard, qu’importe à des âmes immortelles !… Et pourtant… je m’en vais parce qu’il est parti… oui ; mais je ne devais pas le voir mourir ; il n’est pas dans la nature de voir expirer son enfant… j’espérais le laisser derrière moi, avec de longs jours encore à tra-