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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/296

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

verser, lui et notre Cora, ma fille, que je n’ai pas embrassée depuis dix-huit mois. »

Des larmes remplirent alors ses yeux.

« Ah ! voilà ce que je regrette, murmura-t-elle, c’est ce dernier adieu, ce dernier baiser de ma seule enfant.

— Vous le recevrez, Béatrice, vous vivrez assez pour le recevoir ; c’est moi qui vous l’assure ; elle vous gardera à notre amour, et vous nous sourirez encore. »

Elle secoua la tête.

« Non, dit-elle, à moins qu’elle n’arrive bientôt ; il y a bien là, ajouta-t-elle en montrant son cœur, un reste de chaleur que sa présence pourrait ranimer, mais qu’elle ne conserverait pas ; tout est dit maintenant, et le bon Dieu savait bien ce qu’il faisait en me prenant René. Voulez-vous envoyer prier le curé de venir… je voudrais lui parler. »

Le marquis se leva, baisa doucement la main amaigrie de sa femme. Quelques instants après, il reparaissait suivi du curé.

Le vieillard s’assit au pied du lit de la malade.

« Cher marquis, dit Béatrice, voulez-vous vous éloigner un peu ? »

Le curé s’approcha.

Un entretien à voix basse commença entre elle et lui. Une demi-heure après, la marquise, soutenue par ses femmes et son mari, s’inclinait