Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

orgueil d’avoir fait le bien, sans amertume contre cette mort qui l’emportait au moment où la destinée lui souriait, où, après tant de misère et d’épreuves, elle connaissait enfin l’aisance et le repos.

Elle voyait le sort de ses enfants assuré, elle les avait tous rendus dignes d’elle ; tous, et surtout Louis, son fils adoptif, cette âme arrachée par elle à la douleur et peut-être au mal, cause de beaucoup de ses souffrances, mais aussi source de ses plus grandes joies.

Il pleurait à côté d’elle, et, jusqu’à son petit-fils, tous ses enfants demandaient sa guérison à Dieu.

« Mes enfants, leur dit-elle, le bon Dieu veut bien de moi maintenant ; il ne m’aurait pas prise quand vous étiez petits ; mais à présent, je n’ai plus rien à faire. Je puis mourir, vous êtes tous établis et heureux ; ne faut-il pas qu’un jour on s’en aille pour faire place aux jeunes ? Mes chers enfants, que j’ai tant aimés, je ne vous quitte pas sans regrets, mais je vous quitte sans crainte. L’un après l’autre vous viendrez, à votre heure, me rejoindre là-haut ; j’ai l’éternité pour vous attendre… et puis, je veillerai sur vous, je prierai mieux pour vous quand je serai dans le ciel, si toutefois le bon Dieu veut bien que j’y entre… Vous viendrez me voir de temps en temps au ci-