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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/305

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

metière, et je vous entendrai ; j’irai vous écouter, je serai toujours là, invisible, mais présente… car je sais bien, moi, que le Seigneur ne peut pas séparer une mère qui est morte de ses enfants, sans cela son ciel ne semblerait pas enviable. »

Elle continua ainsi à leur adresser des paroles touchantes qui, en remuant encore plus tous ces pauvres cœurs, étaient déjà comme une consolation et un baume versé sur leurs regrets.

Elle baisa alternativement les fronts de ses filles et de ses fils et le crucifix de bois que pressaient ses mains pieuses. Louis, le plus tendre de tous, était aussi le plus accablé. En perdant sa mère, il perdait tout ; elle était le lien qui le rattachait à sa famille d’adoption : ce lien brisé, il croyait tout anéanti.

Elle lui parla longtemps à voix basse, en essuyant elle-même les larmes qui couvraient son visage, et lui recommanda Catherine, sa dernière fille.

« Elle a été ta sœur jusqu’à aujourd’hui et moi ta mère ; n’as-tu jamais songé, mon enfant, à ce que je devienne par elle ta mère tout à fait ? Elle est un peu plus âgée que toi ; mais c’est un brave cœur.

— Ma mère, dit Louis, nulle femme ne me conviendrait mieux que Catherine ; soyez en paix, si elle m’aime un peu, je la rendrai heureuse. »