Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

ouvrage long et je n’aurai pas fini pour la Fête-Dieu ! Mon Dieu ! comment vais-je faire ?

— D’abord, vous avez très-bien agi, Louise, en venant me trouver ; ne vous désolez pas, mon enfant. Quel est l’ouvrage que vous avez entrepris ?

— Au jour de l’an, monsieur le curé, ma maîtresse m’a donné trois francs ; j’ai acheté de la laine et j’ai commencé une couverture de tricot qui sera très-belle ; malheureusement, je n’aurai peut-être même pas assez de laine pour la terminer.

— Rassurez-vous, dit le bon prêtre : nous trouverons sans doute une âme charitable qui vous tirera d’embarras.

— Ah ! monsieur le curé, si ma pauvre mère avait vécu, je ne viendrais pas, comme une mendiante, vous demander de vous occuper de moi ; mais je ne l’ai plus, et je ne peux pourtant pas recevoir le bon Dieu avec la robe que j’ai là. Cependant je ne veux pas devoir ma robe à la charité de personne, si c’est possible.

— Non, non, mon enfant ; vous aurez une robe, une belle robe blanche comme la neige et que vous payerez avec votre travail, je vous le promets. Je me charge de vendre votre couverture ; il y a quelqu’un ici qui l’achètera bien volontiers et qui sera vêtu comme vous ce jour-là. »