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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/36

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Pendant que la pauvre gardeuse de dindons se demandait avec anxiété si elle aurait une robe pour sa première communion, on préparait au château de Morancé la toilette de Béatrice.

Le bon curé, en allant visiter la duchesse, vit étalés dans le salon une robe couverte de broderies et un voile de dentelle. Béatrice, en apercevant son vieil ami, posa près de la robe un écrin renfermant un collier de perles admirables qu’elle regardait en souriant.

« Ah ! monsieur le curé ! s’écria la jeune fille en allant joyeusement au-devant du vieillard, on m’a comblée pour le jour de ma première communion. Voyez un collier que m’envoie ma marraine ; il est magnifique, n’est-ce pas ? et mon chapelet ! regardez ! ma chère grand’mère l’a fait bénir à Rome !

— Oui, il est superbe ; c’est de l’or, cela, ma fille ?

— Certainement, monsieur le curé, de l’or et de la nacre.

— Est-ce que vous allez mettre toutes ces broderies, Béatrice, pour aller à l’église ?

— Oui, rien n’est trop beau pour un si grand jour.

— C’est vrai, mon enfant, si tout le monde pouvait s’agenouiller en robe de princesse au festin du Seigneur. Ce serait alors un superbe spectacle ;