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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/37

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

mais vous êtes riche, ma fille, et d’autres ne le sont pas. Voulez-vous humilier par votre luxe ces jeunes sœurs dont la place est marquée, au même degré que la vôtre, autour de la table sainte ? Les exposerez-vous à jeter des yeux d’envie sur votre soie, vos dentelles et vos bijoux, tandis qu’elles pourront à peine payer leurs modestes robes ?

— Oh ! non, certainement : je n’avais pas songé à cela ! Tenez, monsieur le curé, si ce collier peut payer de plus belles robes aux jeunes filles pauvres qui communieront avec moi, prenez-le, je vous prie.

— Je connais votre cœur, Béatrice ; on ne s’adresse pas à lui en vain. Cependant, je ne veux pas de ce collier ; gardez vos parures ; vos sœurs n’ont pas besoin de ce sacrifice : je ne vous prie pas de les faire monter jusqu’à vous, mais de descendre jusqu’à elles ; de vous confondre dans leur humble foule, cachée sous la simple robe de mousseline qu’elles porteront. Leur âme n’aura ainsi ni trouble ni jalousie, et vous, mon enfant, vous serez plus chère aux yeux du Dieu qui aime l’humilité.

— Vous avez raison, monsieur le curé ; je me sentirai ainsi plus leur sœur, comme vous dites. Ce sera pour moi une vraie joie.

— Voulez-vous, à présent, faire une bonne œuvre ?