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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/42

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Une seule fois dans leur vie on ne put distinguer la noble fille du duc de Morancé de l’humble enfant du laboureur Aubin.

La même joie remplit leur cœur, la même piété se lut dans leurs regards, elles parurent sœurs un instant aux yeux des hommes, comme elles l’étaient devant Dieu.

Ces enfants, nées à la même heure, l’une placée si haut, l’autre si bas, avaient entre elles une parenté mystérieuse. Toutes deux, quoique bien différentes, plaisaient également au Ciel, l’une par son humilité, sa soumission, son amour du travail, son désir constant d’obliger selon ses faibles moyens ; l’autre par sa générosité, sa délicatesse, sa douceur envers les inférieurs, sa charité et l’élévation de son âme.

Après ce beau jour de première communion, les jeunes filles se rencontrèrent souvent dans la même église : Béatrice inclinée sur son prie-dieu de velours, Louise à genoux sur la dalle humide. Le même rayon de soleil tombait parfois sur elles, la même candeur, la même piété et la même paix brillaient sur leur front virginal.

Lorsque Louise eut fini la couverture de laine blanche, Béatrice la pria d’en faire une autre qu’elle voulait donner à une de ses amies. C’était, en réalité, pour lui offrir trente autres francs.

Louise la crut et se mit à l’ouvrage avec joie.