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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/43

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Comme la mère Gervais lui confiait ses vaches depuis quelque temps, elle lui annonça qu’elle lui remettrait trois francs par mois pour sa peine. Louise, avec la perspective de ce double gain, se trouva plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été ; car elle se voyait au moment de pouvoir gagner sa vie et de ne plus rien accepter d’autrui.

De temps en temps, dans ses promenades, Béatrice passait par la prairie où paissaient les vaches de la mère Gervais ; elle trouvait Louise tricotant ou lisant quelque livre de piété, tout en surveillant ses bêtes. Béatrice s’arrêtait près d’elle, s’informait de sa santé, de ses occupations, examinait son travail, caressait la favorite du troupeau, Neige, la belle vache blanche qui la première avait accordé l’hospitalité à l’orpheline.

La riche héritière ne dédaignait pas de causer longtemps avec l’humble paysanne, et ces entretiens profitaient à toutes deux. Béatrice y apprenait de Louise les détails si intéressants des occupations rustiques ; Louise écoutait avec ravissement les récits de Béatrice sur quelque sujet de l’Écriture sainte ou de l’histoire ; elle se sentait relevée à ses propres yeux quand Béatrice lui parlait de ces temps anciens où les filles des rois ne négligeaient pas de s’occuper des soins de leurs troupeaux, et son jeune cœur battait