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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/45

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V

Pierre Rigault.


Cet été-là passa vite pour Louise. En novembre la famille de Morancé quitta le château, et Béatrice promit à Louise de ne pas l’oublier. Cependant la petite bergère pleura bien lorsque, assise au bord de la route, elle vit la berline de la duchesse qui se dirigeait vers Paris. Béatrice l’aperçut, lui fit un signe amical et, par une subite inspiration, lui lança, enveloppée dans son mouchoir, une orange qu’elle tenait à la main. L’orange fit grand plaisir à Louise, qui en avait vu quelquefois et n’en avait jamais goûté ; mais le mouchoir la toucha davantage ; elle le baisa, essuya les larmes que le départ de Béatrice faisait couler, et l’ayant plié soigneusement, alla l’enfermer dans sa cassette, d’où elle le tirait de temps en temps pour le regarder et l’embrasser. C’était le seul souvenir qu’elle eût de sa jeune bienfaitrice.