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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/46

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Les circonstances devaient le lui rendre encore plus précieux : vers Noël, la mère Gervais quitta sa ferme près de Morancé et alla habiter à trois lieues de là, chez son fils. Louise, à laquelle elle demanda de l’accompagner, n’osa pas le lui refuser ; car, outre que le nouveau fermier avait déjà remarqué d’un ton peu obligeant qu’elle était bien jeune et bien délicate pour une vachère, elle sentait que la reconnaissance la liait à la mère Gervais, qui l’avait recueillie pauvre et tout enfant.

Le printemps revint et elle pensa tristement que Mlle de Morancé ne la verrait pas sur la route pour la saluer la première au retour, comme elle avait été la dernière à lui dire adieu.

Les saisons se succédèrent, ses occupations s’accrurent à la ferme, et pendant deux années elle ne put même pas aller une seule fois à Morancé pour voir la jeune châtelaine ; elle demandait souvent de ses nouvelles à ceux de ses voisins que leurs travaux appelaient parfois à Morancé, et en entendant dire que Béatrice croissait en force et en beauté, aussi bien qu’en bonté, elle regrettait moins de ne pouvoir être auprès d’elle.

Un jour, au mois de juillet, vers le milieu du jour, par un temps très-chaud, Louise, assise sous un bouquet d’arbres, tandis que ses bêtes