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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/50

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

pas affaire à un ingrat, je pense bien que je reviendrai vous voir. Voulez-vous me dire votre nom ?

— Louise Aubin.

— Eh bien ! Louise Aubin, dès que j’aurai un moment à moi, vous le saurez. Vous êtes toujours là, dans la prairie ?

— Oh ! mais, répondit Louise, il ne faut pas revenir me voir. Vous avez à travailler là-bas, ne vous dérangez pas pour moi. »

Le garçon rechargea sa besace sur ses épaules et s’éloigna rapidement.

Depuis longtemps Louise ne songeait plus à cette rencontre, et tout au plus se souvenait-elle de Rigault, lorsqu’un dimanche matin, comme elle revenait de la messe, elle aperçut quelqu’un assis auprès de la petite fille qui gardait les vaches en son absence.

C’était Rigault.

Il était proprement vêtu et portait à la main un paquet soigneusement enveloppé ; il se leva en voyant venir Louise.

« Bonjour, mam’selle Louise, dit-il en lui tendant sa grosse main brune ; vous ne vous attendiez pas à me voir, pas vrai ?

— En effet, je ne m’y attendais guère, » reprit Louise un peu effarouchée de cette visite. Elle ajouta pourtant avec politesse : « Êtes-vous content chez votre nouveau patron ?