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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/60

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— Qu’est-ce donc ?

— En sortant de l’hôtel, reprit Mme de Morancé, comme la voiture allait tourner l’angle de la rue, nous entendîmes des cris douloureux, un tumulte extraordinaire, et nous aperçûmes un malheureux que deux hommes venaient de ramasser sanglant dans la rue : une charrette l’avait écrasé. « Où le transporter ? » s’écriaient plusieurs voix. Béatrice se penche à la portière, voit ce malheureux, est touchée de pitié ; elle me regarde d’un air suppliant. Je n’étais guère moins émue qu’elle, et d’ailleurs, puisque l’accident était arrivé à notre porte, la Providence ne nous chargeait-elle pas de secourir le blessé ? Le cocher rentre dans la cour, Béatrice saute à bas de la voiture, précède les hommes qui portaient le brancard improvisé… La pauvre enfant tremblait de la tête aux pieds, et pourtant elle voulut entrer dans la chambre du malade après le pansement. Depuis dix heures du soir, elle est restée près de lui, empressée, attentive comme une petite sœur de charité. Enfin, la voilà, et ce n’est pas sans peine que je l’ai amenée jusqu’ici…

— Oh ! ma marraine, n’est-ce pas un coup horrible pour ces pauvres gens ? Le père sera bien soigné où il est ; mais, pendant ce temps ; que va devenir sa famille ? Vraiment je suis venue ce soir pour ne pas vous déplaire ; mais puis-je danser