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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/61

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

en songeant au désespoir d’une mère de cinq enfants et aux souffrances de ce brave ouvrier ?

— Tu as peut-être bien fait de venir, ma Béatrice, même pour cette intéressante famille. Je veux associer tous mes invités à cette bonne œuvre commencée par toi : nous allons improviser une quête pour le pauvre écrasé.

— Oh ! ma marraine ! que je vous remercie ! s’écria Béatrice en embrassant la princesse.

— Viens donc avec moi, Béatrice ; je vais raconter cette histoire et tu quêteras ensuite. »

On fit taire un instant l’orchestre pour permettre à la princesse de parler à ses hôtes de l’ouvrier blessé. Elle aurait pu s’épargner la peine de le faire ; les personnes qui écoutaient l’explication de Mme de Morancé n’avaient pas tardé à répandre la nouvelle de cet accident dans le bal.

Aussi, lorsque Béatrice parut, tenant à la main une petite corbeille à ouvrage, qui devait servir de bourse à la jeune fille, personne ne s’étonna, et il plut dans la corbeille bon nombre de louis.

Béatrice, accompagnée de la princesse, parcourut ainsi tous les salons ; elle arriva au dernier, dans lequel on avait installé les joueurs.

En la voyant brillante de parure et touchante par sa grâce et son émotion, tous les hommes se levèrent en même temps et la saluèrent avec respect ; pas un ne laissa passer la corbeille sans y