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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/70

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

blanchie de son aïeul, près duquel on voyait sourire les deux enfants de la marquise, Cora et René, deux anges blonds qui eussent tenté le pinceau d’un grand peintre.

Ceux qui voyaient la marquise de Méligny ainsi brillante, aimable, spirituelle, entremêlant ses causeries des saillies les plus vives, ceux qui admiraient sa beauté et son luxe alors que les émeraudes de son corsage étincelaient comme des étoiles et que les plus belles fleurs s’épanouissaient en couronne dans ses cheveux, ceux qui s’écriaient : Qu’elle est belle ! ceux-là ne savaient pas que les pauvres en la voyant disaient, eux : Qu’elle est bonne !

Cette femme si vantée, si intelligente, possédait les dons les plus précieux du cœur. Sa bonté s’étendait autour d’elle comme une atmosphère divine ; rien ne lui échappait, rien ne lui répugnait ; les déshérités, les infirmes, les coupables mêmes connaissaient son inépuisable charité : elle soulageait les maux, écoutait les plaintes, encourageait le repentir ; modeste pour ses bonnes œuvres innombrables, elle n’en parlait jamais et ne se permettait même pas dans sa conversation ces petites critiques malicieuses si en usage parmi les gens du monde.

Quand on entamait le chapitre des médisances :

« Vous savez, disait son mari, on ne dit jamais