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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/71

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

de mal de personne devant la marquise ; elle a la charmante manie de trouver toujours d’avance ceux qu’on blâme ou qu’on accuse innocents.

— Mon Dieu ! répondait-elle, nous ne sommes pas des saints ; les âmes les plus nobles peuvent se tromper parfois. Ne devons-nous pas faire la part des erreurs et des entraînements, et, si nous sommes dans la bonne route, excuser ceux qui ont suivi la mauvaise ? Qui sait ce dont nous aurions été capables si nous nous étions trouvés dans les mêmes circonstances ? »

On s’inclinait devant ce jeune et généreux avocat des malheureux égarés, et sa voix bienveillante convertissait les plus intolérants.

Le jour de sa fête, un bal suivit le dîner. Après avoir assisté à la toilette de sa fille et lui avoir passé de ses mains une robe de mousseline des Indes doublée de taffetas rose, Mme de Méligny descendit tenant par la main sa petite Cora, qui pour la première fois paraissait dans une réunion si brillante.

Leur entrée fut saluée avec enthousiasme. Quand elle se fut montrée dans le premier quadrille, elle sortit de la galerie illuminée pour donner quelques ordres. Elle allait monter l’escalier du château, quand une jeune paysanne l’arrêta, et se jetant à ses genoux :

« Ah ! madame la marquise, s’écria la pauvre