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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/74

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

La vieille Jeannette, étendue dans son lit, portait déjà sur son visage la pâleur de la mort ; la vaste pièce qu’éclairait mal un cierge vacillant paraissait agrandie encore par l’obscurité, et le cœur se serrait en entrant dans cette sombre chambre dont le silence n’était troublé que par les sanglots d’un petit garçon agenouillé au pied du lit et les pénibles soupirs de la malade.

À la vue de la marquise, la pauvre Jeannette parut se ranimer, elle se souleva par un effort et tendant vers elle sa vieille main hâlée et glacée.

« Madame la marquise, que vous me faites de bien ! Je n’espérais pas votre visite. Voyez-vous, madame, vous m’avez tant secourue dans ce monde qu’après M. le curé, c’était vous que je souhaitais le plus voir.

— Ne parlez pas, ma bonne, cela vous fatigue ; tenez, buvez plutôt, » dit la marquise en tendant une tasse d’un breuvage fortifiant à la malade.

Celle-ci le prit, et quand elle eut bu :

« Attendez maintenant que je vous mette bien à votre aise, ma chère Jeannette, continua Béatrice, et elle souleva de ses mains la pauvre femme, tandis que sa petite fille, qui s’était approchée, reposait l’oreiller et aplanissait les draps.

— Merci, oh ! merci, madame. À présent j’ai une grâce à vous demander, reprit la vieille paralytique ; je me meurs, je le sens, je laisse à mes