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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/78

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

dras, pourvu que je sois coiffée en quelques minutes. »

Sept heures sonnaient quand la marquise quitta son appartement. Cette femme, si brillante, si fêtée la veille, s’en allait seule, modestement vêtue, jusqu’au village qui touchait à son château. Quand tout le monde reposait encore, sa charité l’avait éveillée ; elle faisait déjà le bien à l’heure où les autres sommeillent, sans tenir compte de ses fatigues de la veille, des moments ôtés à son repos et du désir qu’elle pouvait avoir de rester couchée pour réparer ses forces.

Elle avait pris l’habitude de se lever tous les jours à six heures pour visiter ses pauvres ; jamais elle ne manquait à ce devoir imposé par elle-même.

On voyait sur la route de Morancé au château, à l’extrémité du village, une petite maison blanche, nouvellement bâtie, avec un gai parterre devant et un beau jardin derrière. C’est là que tous les jours à sept heures venait la marquise Béatrice de Méligny.

Cette maison lui appartenait ; elle-même avait présidé à sa construction, fait le plan des appartements et dessiné les allées du jardin.

Cette joyeuse demeure était un asile pour tous les orphelins du village et des environs, et pour les enfants des pauvres veuves ; elle l’avait acquise