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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/93

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

enfants et moi ; mais je t’en suis reconnaissant plus que je ne le dis, et si je suis comme ça brusque quelquefois, c’est parce que je m’impatiente de voir que nous travaillons fort tous les deux et que toi, qui es la meilleure, tu restes encore la plus pauvre du village.

— Je n’en suis pas désolée, pourvu que toi et les enfants vous vous portiez bien ; je ne demande rien de plus. »

La soupe fut servie, les enfants arrivèrent avec des airs joyeux se ranger autour de la table ; le troisième, qui chancelait encore, s’assit près de sa mère ; le repas fut égayé par leur présence.

Après le souper, Louise se leva, alla chercher la boîte qui contenait l’argent : la boîte était bien légère. Il s’en fallait de vingt-cinq francs pour payer le terme de six mois de loyer ; elle resta quelques moments silencieuse, cherchant dans sa tête ce qu’elle pouvait faire pour combler le déficit.

Le lendemain, le jour pointait quand elle se leva ; elle prit dans un coffret embaumé d’une branche de lavande, un chapelet d’argent, la valencienne de son bonnet de mariée, sa croix des dimanches et ses boucles d’oreilles.

« Tout cela fera bien vingt-cinq francs, » se disait-elle.