sant son front d’une tempe à l’autre, et découvrant, pour la fécondation, le limon de toutes les semences intellectuelles.
Jusque là l’animal l’humain n’avait été qu’une brute entre les brutes ; il venait de se révéler homme. La pensée s’était fait jour ; elle était encore à l’état de germe, mais le germe contenait les futures moissons… L’arbre à l’ombre duquel l’homme s’était dressé portait des fruits ; il en prit un avec la main, la main… cette main qui jusqu’alors n’avait été pour lui qu’une patte et ne lui avait servi à autre chose qu’à se traîner, à marcher, maintenant elle va devenir le signe de sa royale animalité, le sceptre de sa terrestre puissance. Ayant mangé les fruits à sa portée, il en aperçoit que son bras ne peut atteindre. Alors, il déracine une jeune pousse, il allonge au moyen de ce bâton son bras à la hauteur du fruit et le détache de sa branche. Ce bâton lui servira bientôt pour l’aider dans sa marche, pour se défendre contre les bêtes fauves ou pour les attaquer. Après avoir mordu au fruit, il veut mordre à la chair : et le voilà parti à chasser ; et comme il a cueilli la pomme, le voilà qui tue le gibier. Et il se fait une fourrure avec des peaux de bêtes, un gîte avec des branches et des feuilles d’arbres, ces arbres dont, hier, il broutait le tronc et dont il escalade aujourd’hui les plus hautes cimes pour y dénicher les œufs ou les petits des