oiseaux. Ses yeux, qu’il tenait collés sur la croûte du sol, contemplent maintenant avec majesté l’azur et toutes les perles d’or de son splendide écrin. C’est sa couronne souveraine à lui, roi parmi tout ce qui respire, et à chacun de ces joyaux célestes, il donne un nom, une valeur astronomique. À l’instinct qui vagissait en lui a succédé l’intelligence qui balbutie encore et parlera demain. Sa langue s’est déliée comme sa main et toutes deux fonctionnent à la fois. Il peut converser avec ses semblables et joindre sa main à leur main, échanger avec eux des idées et des forces, des sensations et des sentiments. L’homme n’est plus seul, isolé, débile, il est une race ; il pense et il agit, et il participe par la pensée et par l’action à tout ce qui pense et agit chez les autres hommes. La solidarité s’est révélée à lui. Sa vie s’en est accrue : il vit non plus seulement dans son individu, non plus seulement dans la génération présente, mais dans les générations qui l’ont précédé, dans celles qui lui succéderont. Reptile à l’origine, il est devenu quadrupède, de quadrupède bipède, et, debout sur ses deux pieds, il marche, portant, comme Mercure, des aile à la tête et aux talons. Par le regard et par la pensée, il s’élève comme l’aigle au-delà des nuages et plonge dans les profondeurs de l’infini ; les coursiers qu’il a domptés lui prêtent l’agilité de leurs jarrets pour franchir les ter-
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