Elle se tordit alors dans des convulsions atroces. Elle ne mourut pas ; mais les siècles ont passé sur sa tête sans pouvoir éteindre les tourments dont elle est dévorée ; le poison lui brûle toujours les entrailles.
Ce poison, mélange de nicotine et d’arsenic, a pour étiquette un seul mot : Dieu…
Du jour où l’Homme eut avalé Dieu, le souverain maître ; du jour où il eut laissé pénétrer en son cerveau l’idée d’un élysée et d’un tartare, d’un enfer et d’un paradis outre-monde, de ce jour il fut puni par où il avait péché. L’autorité du ciel consacra logiquement l’autorité sur la terre. Le sujet de Dieu devint la créature de l’homme. Il ne fut plus question d’humanité libre, mais de maîtres et d’esclaves. Et c’est en vain que, depuis des mille ans, des légions de Christs moururent martyrisées pour le racheter de sa faute, pour ainsi dire originelle, et le délivrer de Dieu et de ses pompes, de l’autorité de l’Église et de l’État.
Comme le monde physique avait eu son déluge, alors le monde moral eut aussi le sien. La foi religieuse submergea les consciences, porta la dévastation dans les esprits et les cœurs. Tous les brigandages de la force furent légitimés par la ruse. La possession de l’homme par l’homme devint un fait acquis. Désormais la révolte de l’esclave contre le maître fut étouffée par le leurre des récompenses célestes