coin de terre pour y cueillir une palme, l’idée voit le niveau des préjugés, des erreurs, des ignorances diminuer de jour en jour sous le ciel, — c’est-à-dire sous le crâne, — de l’intelligence humaine. Un nouveau monde sortira de l’arche de l’utopie. Et toi, limon des sociétés du passé, tourbe de l’Autorité, tu serviras à féconder la germinaison et l’éclosion des sociétés de l’Avenir et à illuminer à l’état de gaz le mouvement de la Liberté.
Ce cataclysme moral pouvait-il être évité ? L’homme était-il libre d’agir et de penser autrement qu’il n’a fait ? Autant vaudrait dire que la Terre était libre d’éviter le déluge. Tout effet a sa cause. Et… mais voici venir une objection que je vois poindre de loin, et que ne manque pas de vous poser en ricanant d’aise tout béat confesseur de Dieu :
— Vous dites, M. Dejacque, que tout effet a une cause. Très bien. Mais alors, vous reconnaissez Dieu, car enfin l’univers ne s’est pas créé tout seul ; c’est un effet, n’est-ce pas ? Et qui voulez-vous qui l’ait créé, si ce n’est Dieu ?… Dieu est donc la cause de l’univers ? Ah ! ah ! vous voyez, je vous tiens, mon pauvre M. Dejacque ; vous ne pouvez pas m’échapper. Pas moyen de sortir de là.
— Imbécile ! Et la cause… de Dieu ?
— La cause de Dieu… la cause de Dieu… Dam ! vous savez bien que Dieu ne peut pas