locomoteur, ce cyclope à l’œil de feu qui remorque à toute chaleur d’enfer le cortège satanique de l’humanité, et qui, se dressant sur ses essieux, s’avance, front haut et tête baissée, sur la ligne droite de l’anarchie, en secouant dans les airs sa brune chevelure constellée d’étincelles de flamme ! Malheur à qui voudrait se mettre en travers de ce cratère roulant ! Tous les dieux du monde antique et moderne ne sont pas de taille à se mesurer avec le nouveau Titan, place ! place ! rangez-vous de côté, bouviers couronnés, marchands de bétail humain qui revenez de Poissy avec votre carriole Civilisation. Garez-vous, matamores Lilliputiens, et livrez passage à l’utopie. Place ! place au souffle énergique de la Révolution ! Place, monnayeurs d’écus, forgeurs de fers, place au monnayeur d’idées, au forgeur de foudre !…
— À peine avais-je fini de tracer ces lignes que je fus forcé de m’arrêter, comme il m’arriva bien souvent d’y être contraint dans le cours de ce travail. La trop grande tension de toutes mes facultés pour soulever et rejeter le fardeau d’ignorance qui pèse sur ma tête, cette surexcitation enthousiaste de la pensée, en agissant sur mon tempérament débile, avait fait jaillir les pleurs de mes yeux. Je suffoquais dans les sanglots. Le sang me battait les deux tempes et soulevait dans mon cerveau des