dans la loi de Leptine, les descendans d’Harmodius
et d’Aristogiton. Examinons donc combien,
en recevant sa loi, nous gagnerons de têtes pour
les premières de ces charges, et combien nous en
perdrons, en la rejetant. Les plus riches, toujours
chargés d’armer des vaisseaux, sont, par-là même,
exempts de fournir aux frais des chœurs de danse
ou de musique. Les citoyens qui n’ont pas le nécessaire,
et qui, par —là, sont exempts de toute
espèce de charges, le sont, à plus forte raison, de
celles-ci. La loi ne nous fait donc gagner aucune
tête parmi les uns ni les autres. Mais, dira Leptine,
nous en gagnons un grand nombre parmi les
étrangers, pour ces mêmes charges qui peuvent
tomber sur eux. Mais, s’il montre que nous en
gagnons cinq, qu’on dise, j’y consens, que je déraisonne.
Je vais plus loin, et je suppose que, si la loi passe, il y aura dix étrangers de plus, et même davantage, pour remplir les charges, et que nul citoyen ne sera exempt, comme chargé d’armer un vaisseau ; que gagnera la république, si tous, sans exception, remplissent les charges ? Sera-t-elle dédommagée de l’infamie dont elle se couvrirait ? Il s’en faut de beaucoup, et en voici la preuve. Qu’il y ait dix étrangers exempts ; assurément, comme je le disais tout à l’heure, je ne pense pas qu’il y en ait cinq ; de citoyens, il n’y en a pas plus de cinq ou six qui s’exemptent : ce qui fera seize [4].