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Page:Désaugiers - Chansons choisies, 1861.djvu/43

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À ma voix ma jument normande
Ne lutte plus avec le vent ;
Mais Pégase, que je gourmande,
Me désarçonne encor souvent.
    Quand des ans, etc.

Sur le galoubet, en cadence,
J’aime parfois à m’exercer,
Et j’ai du moins si je ne danse,
Le plaisir de faire danser.
    Quand des ans, etc.

Si mon luth, sous ma main tremblante,
Ne produit plus que de vains sons,
De ma fille la voix naissante
Rajeunit mes vieilles chansons.
    Quand des ans, etc.

Quand je bronche en suivant des belles,
Chloé rit et me montre au doigt ;
Mais sa mère eut de mes nouvelles,
Et sait bien que je marchais droit.
    Quand des ans, etc.

Hier, voulant tenter une intrigue,
Tout-à-coup ma force expira ;
De ce soufflet, nouveau Rodrigue,
C’est mon fils qui me vengera.
    Quand des ans, etc.

Sachons donc de la destinée
Sous les fleurs amortir les coups,
Et qu’à leur soixantième année,
Nos enfants chantent comme nous :