Page:Désaugiers - Chansons choisies, 1861.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Vit-on jamais le bras vengeur
Signer la perte d’un coupable ?
De son cœur le courroux banal
N’obscurcit plus son front sévère :
Armé du sceptre, il l’eût puni ;
Il lui pardonne, armé du verre.

Je ne sais par quel vertigo
Ou quelle suffisance extrême,
Narcisse, en se mirant dans l’eau,
Devint amoureux de lui-même.
Moi, fort souvent je suis atteint
De cette risible chimère,
Mais c’est lorsque je vois mon teint
Pourpré par le reflet du verre.

Dieu du vin, Dieu de l’univers,
Toi qui me fis à ton image,
Reçois ce tribut, de mes vers ;
Et, pour couronner ton ouvrage,
Fais, jusqu’à mes instants derniers,
Que dans ma soif je persévère,
Et qu’à ma mort mes héritiers
Ne trouvent plus rien dans mon verre.




LA PROMENADE SENTIMENTALE
Ou le Danger de sortir sans argent



Partant pour la Villette,
Le jeune et beau François