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ne dirai pas de règles, mais même d’hypothèses, sur les séries des êtres organisés qui accompagnent chacune de ces formations, et sur les lacunes que peuvent présenter aujourd’hui ces séries.

En procédant autrement, ne ressemblerions-nous pas un peu au botaniste qui, après avoir fait l’herbier d’une de nos provinces, se croirait en mesure de décrire la flore de la France entière ?

Combien d’espèces microscopiques nous échappent dans les différents règnes de la nature ? Combien d’êtres vivent actuellement dans la profondeur des mers, et dont nous ignorons l’existence ? Combien d’espèces fossiles peuvent encore être découvertes sur le petit espace de terre que nous étudions, et combien y resteront à jamais dérobées ? Enfin, est-on bien en droit, aujourd’hui, parce que l’on peut constater quelques rares lacunes dans la série progressive des êtres que nous connaissons, d’affirmer que ces lacunes existent réellement dans la nature ? Il faudrait pour cela admettre que la paléontologie et l’anatomie comparée, sciences nées d’hier, ont déjà atteint leurs limites de perfection, et qu’il ne reste plus rien à découvrir, comme si chaque jour ne venait pas apporter son contingent de faits nouveaux et compléter les résultats de la veille.

Aristote, qui n’était point géologue, il est vrai, mais qui connaissait si bien la vie dans ce qu’elle a de plus mystérieux disait : « que dans la nature, il n’y a rien d’isolé ni de décousu. »

Est-ce que, même de nos jours, la découverte de la faune si intéressante de l’Australie ne nous a pas montré, dans l’ordre des monotrêmes, c’est-à-dire dans les kangorous, les échidnés, les ornithorinques, des animaux d’espèces problématiques, et que l’on hésite à classer parmi les oiseaux ou les mammifères, tellement ces animaux caractérisent le passage intime et manifeste de l’une à l’autre de ces deux espèces ?