« Quelle est la cause qui les a redressés, se demande-t-il ? C’est ce que nous ignorons encore ; mais c’est déjà un pas, et un pas important, au milieu de la quantité prodigieuse de couches verticales que nous rencontrons dans nos Alpes, que d’en avoir trouvé quelques-unes dont on soit parfaitement sûr qu’elles ont été formées dans une situation horizontale. La masse entière de cette montagne, ajoute-t-il plus loin (p. 105), élevée de 1181 toises au-dessus de la mer, a donc été redressée par la même révolution ; car toutes ses couches ont à peu près la même situation que nos poudingues enclavés au milieu de la montagne et dont l’épaisseur n’est pas moins de 100 toises. »
À partir de ce jour, les idées de l’auteur furent sensiblement modifiées, mais sa manière d’observer resta la même, quant à l’âge relatif des diverses roches de la vallée de Chamouni.
Il pense que les ardoises proprement dites, les pierres calcaires
bleuâtres ou noirâtres, mêlées de mica ou de grains de
quartz, sont fort antérieures à la révolution qui a donné aux
montagnes la forme qu’elles ont actuellement, changé la situation
première des couches, creusé la plupart des vallées, etc. ;
on les trouve, en effet, dans un désordre qui prouve que la
même révolution a troublé leur situation primordiale. Mais il
serait porté à regarder comme beaucoup plus modernes les
gypses et les pierres calcaires poreuses semblables au tuf, bien
qu’elles ne contiennent aucun vestige de corps marins. La roche
du Biolay pourrait cependant faire exception, étant engagée
sous les roches primitives.
Région au sud du Mont-Blanc
Après de nouveaux détails pétrographiques sur les roches de cette vallée, de Saussure, poursuivant son itinéraire autour du Mont-Blanc, décrit celles du col du Bonhomme, du passage des Fours (p. 186), les ardoises, les calcaires bleuâtres, alternants et diversement inclinés, des grès remplis de cailloux roulés recouverts à 1396 toises d’altitude par des ardoises grises, des roches quartzeuses avec et des brèches au col de la Seigne, etc. La structure en éventail (p. 200) est supposée pouvoir résulter de l’infiltration