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Exposé du Cours de 1862.

Passons à une énumération plus détaillée des divers sujets qui doivent nous occuper cette année.

Aucune science n’est sortie toute faite de la tête d’un seul homme. Quelque vaste qu’ait été le génie de certaines natures privilégiées, il a toujours été devancé par quelque esprit précurseur. Ceci est encore plus vrai pour les sciences d’observation que pour les autres. Ce n’est en effet que par l’accumulation successive des faits, par une critique éclairée qui sépare le bon du mauvais, le vrai du faux, que l’édifice s’élève peu à peu, tantôt plus vite, tantôt plus lentement.

L’histoire d’une science est comme le péristyle d’un temple ; c’est l’introduction la plus naturelle au tableau des merveilles que son étude doit nous révéler. C’est en outre un acte de justice distributive auquel il n’est pas permis de se soustraire, et ici, plus que partout ailleurs, une pareille omission serait impardonnable, car ce serait plus que de l’oubli, ce serait de l’ingratitude dans cet établissement où les grandes ombres de nos illustres devanciers, de Buffon, des Jussieu, des Geoffroy, de Lamarck, de Cuvier, de Brongniart, semblent planer sur nos têtes, pour nous encourager, pour couvrir et protéger nos faibles efforts de tout l’éclat de leur immortalité !

Entrer de suite en matière et sans préambule peut être le fait d’un esprit positif et pratique, mais ce n’est certainement pas le fait d’un esprit philosophique et réfléchi qui, dans toute question, ne sépare jamais le présent du passé ni l’effet de la cause. Nous concevons l’impatience de la jeunesse pour atteindre le but qu’on lui montre ; mais il nous appartient de modérer et de régler ce sentiment,