Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/296

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des cornes d’Ammon[1], qu’il regarde comme des espèces analogues au Nautile des Indes (N. pompilius Lam.), et qui se sont pétrifiées dans les roches. Il dit qu’on peut déjà en distinguer plus de 100 espèces, sans compter les variétés ; et nous avons vu, en effet, précisément dans le même temps, Scheuchzer en caractériser 140. Le secrétaire de l’Académie, en mentionnant ce mémoire, rappelle que, d’après Pline, Solinus et d’autres auteurs latins, ces pétrifications étaient ainsi nommées parce qu’elles venaient de la Libye, où la statue de Jupiter Ammon, qu’on y adorait, portait des cornes de bélier auxquelles ressemblent ces pétrifications ; mais nous avons fait voir que l’origine de cette étymologie ne reposait encore sur aucune base certaine. De Jussieu a également signalé des restes d’Hippopotame non loin de Montpellier, dans un endroit appelé la Mosson.

Avant de nous occuper des auteurs les plus marquants du milieu de ce siècle, nous grouperons ici quelques publications qui, de 1720 à 1770, ont plus ou moins attiré l’attention des naturalistes ; les unes se distinguent par l’étrangeté des idées, les autres, en traitant de sujets assez bornés, sont dépourvues de caractères particuliers et n’offrent qu’un faible intérêt. Boulanger[2], qui avait observé, surtout au point de vue de l’ingénieur, le cours de la Marne et son bassin hydrographique, prenait les oolithes, si fréquentes dans certains calcaires jurassiques de ce pays, pour des œufs ou germes de coquillages, et confondait avec elles de véritables rhizopodes, telles que les Miliolithes du calcaire grossier des environs de Paris. Bien qu’il ait examiné fort en détail. tout le pays compris entre Langres et la capitale, signalé les principales couches de roches et remarqué même les fossiles en place, on n’aperçoit dans son travail aucune idée de succession stratigraphique et encore moins de distinction des fossiles relativement à ces diverses couches. Nous avons déjà parlé de L. Bourguet (antè, p. 59), qui,

  1. Mém. de l’Acad. r. des sciences, p. 236, 1722. — Ibid, 1724.
  2. Mélanges d’hist. naturelle d’Alléon Dulac, vol. I, p. 141, 1765. (Le mém. aurait été écrit en 1745 et 46.)