Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/355

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mille toises de hauteur. Ce temps paraîtra même trop court, si on le compare avec ce qui se passe sous nos yeux sur certains rivages de la mer… Et si cette colline d’argile est couronnée de rochers calcaires, la durée du temps que je réduis à 14000 ans ne doit-elle pas être augmentée de celui qui a été nécessaire pour le transport des coquillages dont la colline est surmontée ? et cette durée si longue n’a-t-elle pas encore été suivie du temps nécessaire à la pétrification et au desséchement de ces sédiments ? J’ai cru devoir entrer d’avance dans ce détail afin de démontrer qu’au lieu de reculer trop loin les limites de la durée, je les ai rapprochées autant qu’il m’a été possible, sans contredire évidemment les faits consignés dans les archives de la nature. »

Après avoir étudié ailleurs[1] les divers modes de formation des dépôts d’origine organique ou inorganique, il arrive encore à conclure qu’on pourrait doubler et même quadrupler les nombres qu’il a donnés si l’on voulait se trouver parfaitement à l’aise pour l’explication de tous les phénomènes. « En effet, lorsqu’on examine en détail la composition de ces mêmes ouvrages, chaque point de cette analyse augmente la durée et recule la limite de ce temps, trop immense pour l’imagination et néanmoins trop court pour notre jugement[2].

  1. Œuvres complètes de Buffon, vol. V, Minéraux, III, p. 229 ; édit. de 1828.
  2. Rien de mieux raisonné que ce passage, et cependant aujourd’hui encore des personnes, fort instruites d’ailleurs, ne comprennent pas qu’on puisse chercher à exprimer les temps écoulés, par des nombres, d’une manière approximative et pour fixer les idées. Afin d’appuyer l’exemple théorique de Buffon par l’observation directe d’un fait, nous avons cité dans nos leçons le suivant, emprunté à la relation du premier voyage de sir Ch. Lyell aux États-Unis en 1842, et que nous croyons utile de reproduire ici, parce qu’il répond à beaucoup d’objections.

    Dans la Nouvelle-Écosse, la falaise de South-Joggins, qui borde l’un des golfes de la baie de Fundy, offre une succession très-remarquable de forêts fossiles appartenant au terrain carbonifère. Cette falaise, dirigée N., S., et de 45 à 60 mètres d’élévation, est composée d’une série de couches régulières parallèles, inclinées de 24° au S-S.-O, d’épaisseurs différentes, formées de grès micacés, d’argiles sableuses, d’argiles schisteuses bleues, d’argile avec