Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/257

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tendue corporelle, le Soleil, les Hommes, les Plantes, leurs Imaginations, leurs Idées, ſont des Modifications de Dieu, ou de cette Subſtance qui eſt Dieu lui-même[1]. Lorſqu’on oppoſe à Spinoſa, qu’il y a deux Sortes de Subſtance, l’une incréée, & l’autre créée, telle que la Matière & notre Ame ; & que ſubſiſter par foi, qui ſont les Termes dont on ſe ſert pour définir la Subſtance, ſignifie ſeulement ne dépendre pas de quelque Sujet d’Inhéſion, mais être comme les Ames des Hommes, la Matiere, les Anges, &c ; il répond, que, pour mériter le Nom de Subſtance, il faut indépendamment de toutes Cauſes exiſter par ſoi-même éternellement & néceſſairement.

Avant de vous montrer les Abſurditez de ce Syſtême, vous me permettrez, Madame, de m’arréter un momens ſur les Raiſons qui avoient forcé Spinoſa à ſoutenir un Dogme rempli de tant de

  1. « Spinosa eſt dans le même Labirinte. Il ſoutient, qu’il n’admet qu’une Subſtance, & il la nomme Dieu. Il ſemble donc n’admettre qu’un, Dieu ; mais, dans le fond, il en admet une Infinité, &c. » Bayle, Contin. des Penſées ſur les Cometes, Tom. I, pag. 124.