Aller au contenu

Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eſt ; & il eſt impoſſibJe qu’une Choſe ſoit, & ne ſoit pas ;) paſſent pour innées, préférablement à toutes autres. Cependant, on ne ſauroit nier, que les Enfans & les Imbécilles, n’en ont pas la moindre Idée. Car, il eſt ridicule de dire, qu’une Notion eſt empreinte dans l’Ame, innée, & formée avec elle ; & que l’Ame ne la connoit pas, & qu’elle n’en a aucune Perception. C’eſt faire de cette Notion un pur Néant : & j’aimerois autant ſoutenir, que l’Ame a la Faculté de penſer, & pourtant ne penſe pas.

Si l’on eſt en Droit d’aſſurer qu’une Idée eſt dans l’Entendement, lorſque l’Entendement ne l’a point encore apperçue ; on pourra conclurre de là, que toutes les Propoſitions véritables, & que l’Eſprit regarde comme telles, étoient déjà imprimées dans l’Ame, & innées avec elles. D’ailleurs, ne paroît-il pas abſurde, que les Enfans aient le Pouvoir de penſer, d’acquérir des Connoiſſances, de donner leur Conſentement à différentes Véritez ; & qu’ils ignorent, cependant, les Notions que la Divinité imprime dans leurs Ames ? Et eſt-il poffible de s’imaginer, qu’un Enfant reçoive des Impreſſions des Objets extérieurs, &