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Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/419

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les Hommes en aïent deux[1]. Je vais mettre cette Difficulté dans un Point-de-Vûe très clair en ſorte que, en répondant aux Philoſophes qui forment cette Objection, on puiſſe voir auſſi la Solution d’un autre Argument que font les Cartéſiens.

  1. On peut auſſi former une Difficulté qui roulle ſur des Argumens que le Paſſage ſuivant ſuffit pour éclaircir entiérement. Auſſi, ne l’ai-je pas crue d’une aſſez grande Importante, pour m’y arrêter dans le Corps de l’Ouvrage.

    « On dira peut-être encore, que l’Homme ne ſeroit donc pas un Tout par ſoi, unum quid, unum per ſe, ſed duo. Mais, ſi l’Homme, eſt étant compoſé d’une ſi grande Diverſité de Parties, ne laiſſe pas d’être un par ſoi, en ce que ces Parties ſont très étroitement unies : il ne laiſſe pas auſſi, étant compoſé de Corps & d’Ame, d’être un par ſoi, entant que l’un eſt puiſſant, & l’autre acte, comme on dit ; ou, ſi vous voulez, entant que l’un eſt de ſa Nature propre pour recevoir, & l’autre pour être reçu ; & l’Ame Humaine ſera auſſi un par ſoi, unum quid per ſe, entant que la ſenſitive ſera comme la Puiſſance recevante, & la raiſonnable comme l’Acte reçû ; & le Compoſé de l’un & de l’autre ſera enſuite un Acte propre à être reçu dans le Corps, & faire avec lui un Tout par ſoi, aliquid per ſe unum : quoi qu’on diſe aſſez ordinairement, qu’un chacun de nous eſt deux ; à ſavoir l’Homme extérieur & l’Homme intérieur, ou l’Homme ſpirituel & l’Homme animal, Homo animalis » Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. V, Livr. VI, pag. 487.