Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/424

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te de ſon Bras gauche, que les Faux tranchantes ont abbatu ſous les Roues & les Pieds des Chevaux : l’autre va à l’Eſcalade, ou attaque fiérement ſon Ennemi, ſans qu’il lui ſoit ſenſible, qu’il n’a plus de Main droite : par la même Impétuoſité, celui-là veut ſe ſervir d’une Jambe qui lui vient d’être ôtée dans la Mêlée ; pendant que, proche de lui, les Sens, ſe retirant peu-à-peu de ſon Pied, font voir encore les Mouvemens de ſes Doits[1].

On peut ajouter, à ce que dit Lucrece ſur les Hommes, ce que nous voïons tous les jours, dans les Animaux[2]. Un Chien, à qui un Sanglier, d’un Coup

  1. Falciferos memorant Currus abſcindere Membra
    Sæpe itâ deſubio permiſta Cæde calentes,
    Ut tremere in Terrâ videatur ab Artubus id quod
    Decidit abciſſum. Cum Mens tamen, atque Hominis Vis
    Mobilitate Mali non quit ſentire Dolorem :
    Et ſimul in Pugnæ Studio quòd dedita Mems eſt,
    Corpore cum reliquo Pugnam, Cædeſque petiſſit :
    Non tenet, atmiſſam Lævam cum Tegmine ſæpe
    inter Equos abſtrâxè Rotas, Falcesque rapaces :
    Nec cecidiſſe alius Dextram, cum ſcandit & inſtat.
    Inde alius conatur ademto ſurgere Crure,
    Cum Digitos agitat propter moribundus Humi Pes.

    Lucretius de Rerum Naturâ
    Liv. III. Verſ. 643 & ſeqq.
  2. Pour ce qui les regarde, le Lecteur rapportera tout les Effets, qui Arrivent aux Hommes à la Guerre, aux Dogues, Ours, Tigres, & autres Animaux, qu’on fait ſouvent combattre.