Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/425

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de Défenſe, emporte une Jambe, ou coupe la Moitié d’une Epaule, ne diminue rien de ſon Ardeur. Il paroît inſenſible à ſa Douleur, s’acharne ſur le Sanglier, avec ſes autres Camarades, & ne s’apperçoit quelquefois de ſon Mal, que lorſque ſon Ennemi eſt expiré.

Il, faut donc établir ces deux Principes certains : le prémier, que dans les Hommes l’Ame ſenſîtive ne peut occaſionner la Perte de l’Ame raiſonnable, puiſqu’elle peut être diviſée & ſouffrir une Diminution, un Changement, un Commencement de Deſtruction, ſans que pendant un tems l’Ame raiſonnable ſemble y prendre part : le ſecond, que l’Intelligence des Animaux ne doit pas dépendre de la Quantité, ni de la Totalité, de leurs Eſprits vitaux, mais de ceux qui ſe trouvent dans certaines Parties où Dieu a voulu attacher la Connoiſſance qu’il a accordée aux Bêtes ; enſorte que, lorſqu’on couperoit les quatre Jambes à un Chien, & même pluſieurs autres parties du Corps, on n’affoibliroit ſon Intelligence, qu’autant comme on endommageroit directement les Eſprits vitaux deſtinez à lui donner l’Intelligence.

Il eſt aiſé préſentement de répondre au Reproche que font les Cartéſiens à